Après avoir réussi mon cours d’électronicien à Rochefort, je rejoins donc la flottille 35F à la BAN (Base aéronavale) Lanvéoc-Poulmic dans le Finistère début avril 94.

À mon arrivée, la flottille comprenait deux Alouettes II, des Alouettes III et commençait à recevoir ces premiers Dauphin-Panther (version militarisée du Dauphin, hélicoptère de service public). Le boulot consistait principalement en quelques interventions préventives de contrôle sur le matériel électronique, planifiées régulièrement, ainsi qu’à de l’échange standard des différents éléments constituant les systèmes de téléphone de bord, radiocommunication, radionavigation et RADAR.

Peu de temps après mon arrivée, je dus accélérer ma formation, car je devais rejoindre la Jeanne d’Arc en urgence. L’électronicien qui était affecté à bord pour une durée de trois années devait alors se faire opérer pendant l’été et nous devions donc désigner un remplaçant et j’étais le seul disponible. Mais je venais d’arriver et en plus je partais avec deux Alouettes III. L’embarquement se passa malgré tout bien avec une seule panne qui nécessita le support de mes collègues resté à terre, mais pour laquelle je n’étais pas formé et qui ne se présenta qu’une fois au cours de ma carrière. Ce matin-là, les deux Alouettes devaient décoller en même temps pour faire des prises de vue avec des équipes de l’émission Thalassa. Et au moment du décollage, une panne radio sur chacune des deux machines ! Je réglai rapidement la première panne par un échange standard de l’émetteur-récepteur, mais la seconde était plus complexe : il s’agissait de la désynchronisation du synthétiseur présent dans le boitier de commande du tableau de bord et en général c’était plutôt l’antenne qui présentait une désynchronisation liée à une casse interne de celle-ci. De toute façon je n’avais pas de boitier de rechange à bord et nous dûmes attendre une livraison depuis la France (nous étions au nord de l’Angleterre pour rejoindre Rouen et la grande Armada) pour régler le problème. Un hélicoptère de l’ALAT (Armée de Terre) aussi présent à bord décollera à notre place.

Je fis ensuite plusieurs embarquements à bord de la Loire (bâtiment de support), la Durance (pétrolier ravitailleur) et le Monge (essais et mesures, les bâtiments blancs de la Marine). Début 95, je vais suivre également la spécialisation sur Dauphin-Panther ce qui me permettra d’être détaché pendant 6 mois à Rochefort sur Mer de septembre 95 à février 96. Sur ce site, deux équipes étaient détachées pour assurer des missions de SAR (Search and Rescue – recherche et sauvetage en mer) le long de la côte atlantique. D’habitude un Dauphin y était affecté, mais celui-ci devant subir sa révision générale, un Panther y fut par conséquent envoyé pour garantir la continuité du service et nécessitait donc la présence d’une équipe lâchée sur la machine. Les deux équipes se relayaient sur place tous les 15 jours et nous étions alors en « alerte à 15 minutes » pour rejoindre l’hélicoptère, celui-ci devant ensuite décoller sous 45 minutes. Ce fut une expérience particulièrement enrichissante, car cela me permit de participer à une bonne dizaine de missions de sauvetage.

J’aurais pu aussi me cantonner à mon boulot d’électronicien, mais j’en profitai pour me faire lâcher sur les visites journalières et avant vol ce qui me permit de devenir plus tard adjoint puis chef de piste titulaire (plus d’explications ici, 3e paragraphe). Je passai également quelques mois à me former sur Access et Visual Basic ce qui m’ouvrit une nouvelle porte pour la fin de ma carrière dans la Marine